Parmi les fautes les plus répandues, il en est une qui a la peau particulièrement dure, en particulier dans la langue parlée : le genre du mot « espèce » suivi d’un nom introduit par « de ». Nombreuses sont les personnes à hésiter à accorder le déterminant avec « espèce » ou son complément.
Alors, faut-il dire « un espèce de fou » ou « une espèce de fou » ?
La réponse est très simple…
En bref : faut-il écrire UN espèce ou UNE espèce de ?
On écrit toujours UNE espèce de + complément (même si le complément est un nom masculin).
Ex : Une espèce de tyran.
L’attribut qui suit « une espèce de + complément » s’accorde en genre et en nombre avec ce complément, et non avec « espèce ».
Ex : Une espèce de tyran désabusé.
UN espèce ou UNE espèce de : aux racines du doute
La locution « espèce de » est couramment employée pour désigner une « catégorie de personnes ou de choses que l’on a du mal à définir ou à classer » (CNRTL).
Parmi les expressions de fonction avoisinante, on peut citer « un genre de », « une sorte de » ou encore… « un certain ». Et c’est probablement à cause d’une assimilation abusive à ce dernier que « espèce de » fait l’objet de tant de confusions.
En effet, sur le modèle de « un certain » et « une certaine », beaucoup sont tentés d’accorder le déterminant précédant « espèce de » avec le complément qui le suit, transformant arbitrairement cette locution en adjectif indéfini variable.
C’est ainsi que, comme on dira très justement « un certain voleur » et « une certaine voleuse », on entendra aussi (et bien malgré nous) « un espèce de voleur » et « une espèce de voleuse ».
Espèce est toujours féminin !
En effet, « espèce » est un nom féminin. Qu’il soit employé dans son sens premier ou au cœur de la locution « espèce de », il prendra systématiquement la marque du féminin.
Par conséquent, peu importe le genre du complément auquel il se réfère, « espèce de » est TOUJOURS précédé d’un déterminant féminin.
Exemples :
- J’ai acheté une espèce de canapé convertible.
- Il a vu une espèce de fou surgir de nulle part.
- Nous avons perdu une espèce de bonnet en laine.
- Cette espèce de manteau semble très confortable.
- Mon espèce de reproche le dérange. (Attention : rappelons que, pour des raisons euphoniques, les possessifs féminins ma, ta, sa se transforment en mon, ton, son devant une voyelle.)
Le piège : « espèce » et l’accord de l’attribut
Si le doute n’est donc plus permis entre « une espèce de » et « un espèce de », il demeure un point à éclaircir : l’accord d’un éventuel adjectif ou participe passé suivant l’expression et son complément.
Exemple : Cette espèce de sourire forcé s’est transformé(e) en grimace.
Le participe passé « s’est transformé » doit-il s’accorder avec « une espèce » (féminin) ou avec « sourire » (complément) ?
La règle est la suivante : le participe passé ou l’adjectif qui suit la locution « une espèce de + complément » s’accorde avec ledit complément.
La bonne réponse à l’exemple précédent est par conséquent : Cette espèce de sourire forcé s’est transformé en grimace.
Besoin d’aide en orthographe ?
Tout à fait d’accord, et donc en désaccord avec Pelat, du Grevisse qui, sans préciser ce qu’il appelle une « déterminant complexe », accepte « un espèce ».
Pour convaincre tel ou telle, j’utilise d’autres classificateurs. Faudrait-il dire « une genre de fille », « une type de voiture », « un sorte de camion » ? Mais c’est une guerre qui semble perdue…