« Devenir rédacteur Web » : l’expression renvoie pas moins de 3 100 000 résultats sur les pages de Google et brasse la bagatelle de 500 requêtes par mois. Une explosion de vocations qui a de quoi laisser pantois, en particulier lorsque l’on a déjà les deux pieds dans le milieu.

La rédaction Web serait-elle devenue la nouvelle panacée à la mode, l’Eldorado des clampins, la manne des congés maternité ? Au risque de profaner quelques secrets espoirs, je souhaiterais mettre le holà à une vision un brin édénique du métier : non, écrire pour le Web n’est pas à la portée du premier venu !

Besoin d’une rédactrice Web de confiance ?

Devenir rédacteur Web professionnel implique d’exceller en orthographe

La lourde responsabilité du rédacteur Web

Lorsque l’on devient rédacteur Web, on n’écrit plus pour soi : on rédige au nom d’une entreprise. On crée des pages, des articles, des contenus destinés à être lus par des milliers de personnes et à être automatiquement associés à une marque. Ce faisant, on rejoint le rang des garants de sa réputation et de sa crédibilité. Or, j’insiste sur ceci : les fautes d’ortho, c’est pas pro !

 

Et ce n’est pas ergoter sur des vétilles et encore moins verser dans un prétendu élitisme que de tiquer devant une page « À propos » constellée de fautes d’orthographe ! Les recherches abondent autour de la question : une étude canadienne de 2002 avait déjà mis en évidence le fait que la présence de bévues orthographiques sur un site en mine systématiquement la crédibilité.

L’excellence orthographique, une compétence rare

Devenir rédacteur sur Internet, c’est donc être apte à garantir des contenus irréprochables à ses clients. Pourtant, les Français sont loin de maîtriser toutes les subtilités de leur langue maternelle, en témoigne la dégringolade des scores enregistrée tous les ans au Certificat Voltaire : en 2015, les habitants de l’Hexagone ne maîtrisaient que 45 % des règles d’orthographe, soit moins d’une sur deux ! Et combien, parmi eux, guignent la rédaction Web ? C’est ainsi que l’on se retrouve avec des professionnels qui butent sur des règles tout à fait élémentaires et qui lancent de tristes S.O.S. à leurs collègues sur les réseaux sociaux…  

 

Il ne suffit pas d’être bon : il faut exceller. Un score de 900 au Certificat Voltaire est le minimum souhaitable (même si je regrette, pour ma part, que ce diplôme ne s’aventure pas sur le terrain de la ponctuation et de la typographie, autres ingrédients essentiels d’un texte de qualité). Une coquille de temps à autre pourra toujours être pardonnée, car le rédacteur 2.0 n’est pas une machine, mais devra demeurer exceptionnelle.

Pour s’installer comme rédacteur Web, il faut savoir écrire

Aimer écrire ou savoir écrire ?

Nous parlions précédemment de l’importance de l’orthographe, mais celle-ci ne saurait se départir d’une plume de qualité. Une lapalissade qui vaut bien des déboires au rédacteur ou à la rédactrice Web freelance, auquel les masses ne manquent pas de rétorquer qu’ « écrire, tout le monde peut le faire ». Certes, a priori, tout le monde peut aligner une suite de caractères sur un logiciel de traitement de texte ; mais bien le faire n’est pas à la portée du premier venu.

 

Il semble d’ailleurs opportun de rappeler qu’aimer écrire ne signifie pas savoir écrire. On aura beau connaître sur le bout des doigts les exigences du référencement naturel ou vendre un rein pour suivre une formation en rédaction Web : si l’on écrit comme on a le nez fait, autant se limiter à épancher ses élans sur les forums, qui ne nous en tiendront pas rigueur.

Le rédacteur Web, caméléon du style

On ne demande pas à un rédacteur Web professionnel d’écrire avec le brio d’un Maupassant. « Le rédacteur Web n’est pas un écrivain », lit-on un peu partout. Bien sûr, leur écriture ne sert pas les mêmes desseins : le rédacteur est avant tout un communicant, un relayeur d’informations (sans tomber dans le journalisme) doublé d’un technicien (création de contenus optimisés oblige), quand l’écrivain s’impose comme catalyseur d’émotions. J’émettrais personnellement davantage de nuances à ce sujet, car je suis convaincue qu’une vraie patte peut faire toute la différence en content marketing. Je m’attaquerai au brandon de la discorde dans un prochain article.

 

Toujours est-il que, pour envisager de devenir rédacteur Web, il faut être suffisamment à l’aise avec la langue française et ses registres pour s’adapter à la ligne éditoriale de ses clients et aux critères d’optimisation. L’adage est bien connu : un contenu pour tout le monde n’est un contenu pour personne ! Il ne s’agit donc pas de faire des contenus aseptisés mais, bien au contraire, de jouer sur l’empathie pour cerner les attentes du Persona. Il appartient au rédacteur Web de savoir couler son écriture dans chacune des exigences éditoriales de son client, tel un caméléon. Le tout dans une langue fluide, agréable, sans lourdeurs ou constructions alambiquées. Un véritable exercice de style, qui requiert une grande sensibilité.

Devenir rédacteur Web freelance exige de la ténacité

La dure réalité du freelance

Cela n’étonnera personne : le parcours d’un travailleur indépendant est loin d’être une promenade de santé. Pugnacité, rigueur, foi, motivation, remises en question et audace sont nos plus proches conseillères. Le freelance ne peut se permettre de limiter son travail à la réalisation d’une mission, mais doit le prolonger à tout ce qui se trouve en amont et en aval de celle-ci : accroître sa visibilité pour attirer les prospects, trouver des clients directs, les convaincre du bien-fondé du démarchage, assurer leur satisfaction et leur fidélisation, etc.

 

Rédaction Web ou pas, se lancer en indépendant ne convient pas à toutes les natures : les formalités administratives, les périodes creuses, l’absence de revenus décents en début d’activité, la concurrence parfois déloyale, la désobligeance de certains prospects, la peur de perdre ses partenaires du jour au lendemain constituent autant d’obstacles susceptibles d’étioler sérieusement l’enthousiasme de départ.

Les compétences littéraires du rédacteur sont dépréciées

À ce constat s’ajoute une autre difficulté pour l’aspirant rédacteur Web SEO. La profession a beau être dans l’air du temps, d’aucuns refusent de lui accorder le crédit qu’elle mérite dans une stratégie marketing. Pourquoi ? Tout simplement parce que les Lettres (desquelles la rédaction Web relève largement) souffrent depuis plusieurs décennies d’un désintérêt patent, quand il ne s’agit pas tout bonnement d’un mépris galopant.

 

Dans l’esprit de la plupart des gens, tout le monde est capable d’écrire. De fait, nombreux sont ceux à ne pas voir d’intérêt à payer quelqu’un pour de la rédaction de contenu optimisé et à en confier la tâche à un membre (fort dévoué) de leur famille (#histoirevraie). D’autres, avides d’économies, vont recruter des rédacteurs low cost. Quant à ceux qui posteront une annonce de recherche de rédacteur freelance, beaucoup imposeront d’emblée un tarif au mot dérisoire. Sans parler des propositions de bénévolat, pourtant illégales pour une entreprise. Le Web rédacteur devra donc redoubler d’inventivité et de force de persuasion pour vendre ses compétences et justifier ses tarifs.

Être « infovore », qualité essentielle pour se lancer en rédaction Web

En rédaction Web, la curiosité n’est pas un vilain défaut

L’écriture Web repose en grande partie sur le recyclage d’informations : pour rédiger un article de blog, par exemple, le rédacteur Web synthétise les données qu’il a extraites de sources fiables dans un nouvel article unique. Outre le fait qu’une telle pratique exige des aptitudes pédagogiques spécifiques, cette transmission de savoir ne peut avoir lieu que si le professionnel a pris la peine d’aller chercher l’information à sa source, d’en contrôler l’exactitude, d’approfondir certaines zones floues ou confusions et, en somme, de s’intéresser au sujet ad libitum.

 

La curiosité est ainsi une qualité essentielle pour devenir un bon rédacteur Web. C’est par son intermédiaire qu’il parviendra à disserter sur des thématiques aussi opaques et disparates que la pose de toiles tendues PVC, les origines du bowling, la rénovation de plafonds ou la qualité de vie au travail. Il s’agit d’un métier qui convient parfaitement à ceux qui abhorrent la paralysie intellectuelle et qui s’épanouissent en enrichissant leurs connaissances. Toutefois, il n’y a justement qu’un rédacteur Web, habitué à conditionner ses écrits pour en livrer immédiatement l’information essentielle à un lectorat volage et capricieux, pour savoir que ce penchant se raréfie dangereusement.

On ne cesse jamais de devenir Web rédacteur

Je fais partie de ceux qui considèrent que c’est lorsque l’on clame être devenu un rédacteur Web aguerri que l’on cesse de l’être. Bien sûr, annoncer autrement sa profession compliquerait grandement la communication. Mais l’idée est là : dans la rédaction Web (comme ailleurs, au demeurant), il y a tant à apprendre et tant de compétences à renouveler pour rester sur les rails que je doute que quelqu’un puisse un jour se targuer d’être officiellement rédacteur Web.

 

Avoir l’humilité de remettre ses compétences en question et s’astreindre à une veille permanente relèvent d’une mentalité indispensable pour se lancer dans la rédaction Web. L’ouverture d’esprit et la curiosité ne s’arrêtent donc pas à l’exploration de thématiques de rédaction inconnues : l’on attend du rédacteur Web professionnel une envie de s’intéresser au cœur de sa profession, de multiplier les apprentissages, de chercher à s’améliorer et de rester informé des bouleversements susceptibles d’influer sur sa pratique (comme les mises à jour de l’algorithme Google).

Qui peut devenir rédacteur Web ?

En résumé, les prétendants idéaux à une carrière de rédacteur Web sont, à mon sens, ceux qui rassemblent les caractéristiques suivantes :

 

  • une orthographe impeccable ;
  • une fibre littéraire affirmée ;
  • un profil empathique ;
  • un penchant pour le marketing ;
  • une pugnacité à toute épreuve ;
  • un esprit de synthèse ;
  • une curiosité insatiable ;
  • une humilité pondérée.

Collègues, chefs d’entreprise, professionnels : on ouvre le débat dans les commentaires ?

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